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LA NOUVELLE ÉQUIPE

franche. Elle connaissait les épreuves de sa vie, la sévérité de sa jeunesse, et comprenait qu’il avait trouvé là la trempe de son caractère. Elle comprenait aussi que cette rudesse resterait le pli apparent de son âme ; mais qu’au-dessous de l’enveloppe, l’âme elle-même était faite de bonté. Le jeune homme ne serait ni un idéaliste comme Pierre, ni un passionné mystique comme Pagnanon. Il garderait le sens des réalités pratiques, mais il les regarderait en face et saurait les dominer. Il serait un réalisateur. Et Henriette se sentait disposée à seconder ses efforts. Elle avait compris la grandeur de la tâche, et qu’elle réclamait des volontés averties.

Lorsqu’elle apprit de quelle mission Jean était chargé, elle dit au jeune homme :

— Je vous accompagnerai. Je ne saurais sans doute pas dire à Pierre cette fatale vérité. Mais je serai là pour en adoucir la douleur.

— Oui, répondit-il. Et c’est bien toujours votre rôle. À moi le combat, à vous la douceur.

— Et la souffrance, ajouta-t-elle.

— Oh ! la souffrance sera commune, chère Henriette…

Le troisième dimanche de septembre Hélène et Jean étaient venus prendre des nouvelles de Maurice. Celui-ci, qui s’était senti mieux ce jour-là était sur sa chaise longue, soutenu par des coussins et des oreillers. L’arrivée des jeunes gens lui fut agréable.

— Vous venez mettre un peu de gaieté autour du malade, dit-il.

Pierre était allé chercher un siège pour Hélène et s’était lui-même assis près d’elle. Maurice sourit doucement. Il avait remarqué au cours de cette année, l’attrait réciproque des deux jeunes gens et il ne lui déplaisait point de constater leur bonne entente. Hélène lui était sympathique. Il avait dit à Jeanne que s’il