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LA NOUVELLE ÉQUIPE

ne crois-tu pas qu’il pourrait rentrer à la fin du mois. Ce n’est pas très gai pour Henriette, cette solitude.

Elle comprit.

— Tu as raison, mon ami. Je vais lui parler de cela.

Le soir même, elle écrivit à Pierre. Mais que de ménagements elle devait prendre.

Jean Tissier, cette année-là, n’avait point pris de vacances. Malgré l’assurance de Pierre, il n’avait pas réussi le concours de Normale. La maladie de son ami, les dérangements que lui avait causés l’affaire Pagnanon, tout cela avait mis du désarroi dans son travail.

Comme Jeanne lui en avait exprimé ses regrets :

— Bah ! avait-il répondu en riant, c’est parce que je voulais attendre Pierre.

Mais cet échec n’avait pas arrangé la situation familiale du jeune homme. Son père s’était fâché.

— Une année de perdue ! avait-il dit. Cela ne te touche guère sans doute.

Jean avait donc cherché une occupation pour les mois d’été. Il avait trouvé un cours dans un collège pour la préparation à la deuxième session du baccalauréat. Hélène, de son côté, faisait une classe de vacances. On parerait ainsi aux difficultés économiques.

Quand le retour de Pierre fut fixé, Jeanne pria leur jeune ami d’aller l’attendre à la gare.

— Et je vais vous charger d’une mission délicate, cher enfant. Il faut que vous disiez à Pierre dans quel état il va trouver son père. Je n’ai pu lui dire toute la vérité, vous le comprenez bien. Pourtant, il ne peut pas arriver ici sans la connaître.

— Comptez sur moi, chère Madame.

Jean était à présent un familier de la maison. Il y venait presque tous les jours. Parfois Hélène l’accompagnait. Parfois encore il proposait une promenade à Henriette pour l’obliger à sortir. Ils étaient devenus des amis. La jeune fille aimait sa rudesse loyale et