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LA NOUVELLE ÉQUIPE

Il renversa la tête, respira longuement, ferma les yeux. Elle eut peur, se pencha sur lui. Lentement, il rouvrit les paupières, l’enveloppa d’un long regard tendre.

— Chère Jeanne, dit-il lentement, je sais bien que tu es avec moi…, je sais bien que je serai encore avec toi quand je ne serai plus là… Nous ne pouvons pas être séparés.

Il se tut un moment.

— C’est pour cela que je m’en irai avec tranquillité. Tu seras là, tu leur diras… à Pierre surtout.

Jeanne joignit les mains.

— Oui, Maurice, je lui dirai… Mais tais-toi, repose-toi.

Il sourit.

— Cela ne me fatigue pas, vois-tu, au contraire… Cette lettre, il faudra que Pierre la lise. Il sera un homme il comprendra… Tout ce que je dis dans cette lettre, je l’ai tant de fois pensé depuis.

Doucement, Jeanne baisa le front douloureux. Et tous deux, silencieux, frissonnèrent désespérément sous la main implacable qu’ils sentaient peser sur eux…


Éliane et Julien étaient partis, depuis la fin juillet, près du vieux Bournef, emmenant la petite fille. Éliane avait pensé qu’il était plus sage d’enlever à son frère la présence de Julien, et qu’il valait mieux enlever à Julien la présence de l’agonie de Maurice.

Mais une pensée tourmentait Jeanne : l’absence de Pierre. Elle ne savait quel parti prendre. Devait-elle le rappeler ? Le jeune homme allait tout à fait bien, disait-il. Cependant elle n’avait pas osé lui dire la vérité sur l’état de son père. D’un autre côté, quel prétexte donner à Maurice pour rappeler Pierre.

Ce fut Maurice qui le lui fournit.

— Puisque Pierre est complètement rétabli, lui dit-il,