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LA NOUVELLE ÉQUIPE

— Il y a aussi la Ligue des Droits de l’Homme, fit remarquer Jean.

— La Ligue ! oui, elle pourrait être saisie de l’affaire.

— Je m’en charge, j’y ai quelques amis.

— Vous pouvez le faire, mais ce sera long. La Ligue ne tentera rien ouvertement sans avoir fait une enquête discrète qui risque de traîner.

— Et si on s’adressait aux députés de l’Isère, proposa Jeanne à son tour.

— On le peut également. Il faut tout tenter. Mais je le répète encore, toutes ces interventions prendront du temps. C’est là qu’est le danger.

— Quel danger ?

— Mais voyons, pendant ce temps, le malheureux garçon est avec les fous, soumis au régime des fous, traité comme tel. Cela seul suffit à le détraquer, à lui faire perdre l’équilibre. Et c’est d’autant plus facile que c’est un être impressionnable, comme toutes les natures religieuses. C’est aussi un passionné.

— Oh ! papa, il raisonnait très bien.

— Sans doute, ma fille. Mais ce n’en était pas moins un passionné. Assurément, dans la vie normale la passion et la raison s’équilibraient ; mais il faut se représenter ce que peut devenir un individu sain, traité de fou et vivant au milieu des fous.

— C’est effrayant.

— Oui. Et c’est pourquoi chaque jour qui passe aggrave la situation. Si les enquêtes et les démarches, puis l’action judiciaire, demandent des mois, il y a de fortes chances pour qu’au moment où vous aurez gain de cause le malheureux soit devenu véritablement fou.

— Il n’y a donc aucun moyen de le sauver ?

— Je répète qu’il faut tout tenter, tout mettre en œuvre. Mais l’action la plus rapide serait l’intervention