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LA NOUVELLE ÉQUIPE

— J’ai pu causer avec le directeur, expliquait le jeune homme. Il m’a dit que la folie d’Émile n’était pas grave, que c’était un malade très doux et très raisonnable. Il s’exprime d’une façon très sensée. La seule marque de dérangement qu’il donne c’est quand il parle d’une mission qu’il a accomplie dans le Nord, et d’une autre mission qui lui reste à accomplir.

— Nous y voilà, interrompit Maurice.

— Je n’ai fait aucune remarque susceptible de donner des doutes. J’ai demandé au Directeur s’il croyait la guérison possible. Il m’a répondu affirmativement, tout en faisant des réserves. Le délire mystique, m’a-t-il dit, est toujours un cas grave, même chez les meilleurs sujets.

— Je vous déclare qu’il est perdu, affirma Maurice.

— Mais pourquoi, papa ?

— Parce que ces affaires là sont presque impossibles à tirer au clair. Ma parole, j’aimerais mieux la prison, et même Biribi. On pourrait, au moyen de la presse, faire connaître le cas, soulever une campagne qui obligerait à une enquête.

— Et pourquoi ne le peut-on pas ?

— Parce qu’on répondra toujours par la conclusion des médecins : la folie. Un fou n’est pas un condamné, c’est un malade. On le soigne, on vous en donne la preuve, qu’avez-vous à réclamer ?

— Pourtant, intervint Jeanne, la folie peut toujours être contestée. On peut exiger une contre-enquête, un nouvel examen médical.

— Sans doute, mais souviens-toi des paroles de l’avocat, il y a quelques jours, la famille seule a qualité pour intervenir. Un fou redevient un mineur. En l’occurence, c’est la mère d’Émile qui devient tutrice légale. Pour qu’il y ait enquête et nouvel examen médical, c’est elle qui doit agir en saisissant la justice.

— Papa tu es décourageant.