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LA NOUVELLE ÉQUIPE

voyez-vous il est tout à fait inutile que vous vous dérangiez, à moins que vous n’y teniez particulièrement. Ces gens de police ne sont guère aimables. Confiez-moi la convocation, j’irai seul et je verrai bien ce qu’il en est. S’il est indispensable que l’un des vôtres se dérange, nous aviserons.

— Vous avez raison, répondit Henriette. Et si vous le voulez bien, nous ne parlerons pas de votre visite, ce soir.

— C’est ce qu’il y a de mieux. Je reviendrai demain vous faire le récit de cette entrevue.

Comme l’avait dit Henriette, le jeune instituteur s’était rendu à Paris le matin du 1er mai. Les deux femmes avaient essayé de le retenir, des manifestations ayant été prévues et des forces de police mobilisées. Mais il avait absolument voulu partir. Il n’était pas rentré le soir, ni le lendemain. Jeanne et Henriette avaient vainement fouillé les journaux d’information, elles n’avaient point trouvé son nom parmi les arrestations que les bagarres du Ier mai avaient motivées.

Le 1er mai, cette année-là, coïncidait avec les débuts de la période électorale. Il avait donné lieu à de vives polémiques. Le bloc national était chaudement combattu par les partis de gauche réunis en cartel, et la fièvre politique s’était emparée des esprits. Mais Émile Pagnanon ne s’occupait guère de politique. Il paraissait invraisemblable qu’il se fût mêlé à quelque manifestation.

— Attendons, avait dit Henriette. Il va certainement rentrer.

Cependant, une semaine s’était écoulée et il n’était pas revenu. Jean Tissier allait-il rapporter de ses nouvelles ?

Comme il l’avait promis, l’ami de Pierre vint rendre compte de sa démarche. Il avait d’abord été assez mal accueilli par le commissaire.