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LA NOUVELLE ÉQUIPE

durement éprouvée par la guerre, et pour laquelle il avait fait des démarches près des autorités locales et du chef-lieu. Lorsqu’il pouvait se donner à une œuvre de bonté et de justice, sa joie était telle qu’elle lui rendait confiance. Ainsi dans le Nord, il avait pu signaler au Comité de Secours aux Enfants des détresses enfantines navrantes. Le Comité, immédiatement, avait agi. Le brave garçon en avait été si heureux, qu’il avait, sur le champ, envoyé à ses amis une lettre passionnée.

« Je vous l’ai bien dit, concluait-il, que la bonté reste vivante au cœur des hommes. Il faut lui fournir des occasions de se manifester. Ce ne sont pas les occasions qui manquent, mais on ne les connaît pas. On est souvent égoïste par ignorance. Quel est l’individu qui resterait près de son feu, s’il savait exactement qu’à tel endroit un pauvre homme grelotte de froid, et que, dans telle mansarde, une mère épuisée voit avec épouvante la mort guetter son enfant ? Mais on ne sait pas. On sait, bien sûr, que le malheur du monde est grand. Mais cela fait un bloc, et c’est si gros qu’on est découragé d’avance et qu’on se dit : Je ne pourrai rien. Il faudrait savoir que ce bloc est fait de mille misères séparées, et qu’à mesure qu’on en supprime une, le bloc se trouve diminué. »

Cette lettre avait fait dire à Jeanne :

— Il raisonne bien et juste. Et au fond c’est toujours la même pensée qui l’anime.

Maurice avait ajouté :

— Et quelle inlassable indulgence à l’égard de ceux qui ne le comprennent pas. C’est un véritable apôtre des premiers âges.

Après sa lettre du 21 février, on resta toute une semaine sans nouvelles.

— Cela ne vaut rien, fit remarquer Henriette. Lorsqu’il est content il écrit tout de suite.