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LA NOUVELLE ÉQUIPE

geste était héroïque ; mais c’était trop en dehors de notre temps. Que voulez-vous, pour être compris il faut rester dans la note générale.

— Oui, c’était bien aussi notre pensée, à Maurice et à moi. Mais il eût été impossible de l’empêcher de partir.

— Je comprends. D’ailleurs notez bien que l’expérience valait d’être tentée. Rien n’est jamais perdu. L’essentiel c’est que notre jeune homme ne souffre pas trop de cette déconvenue. S’il en est au point que vous dites, il devrait revenir.

– Nous le lui conseillons. Il résiste encore mais nous ne doutons pas qu’il finisse par se rendre à l’évidence et à la logique.

— Je le souhaite, quoique avec ces natures où le mysticisme et la passion se heurtent il faille toujours s’attendre à des décisions déconcertantes.

— Il y avait cependant beaucoup de raison en lui. Son ardeur généreuse ne lui a jamais masqué la difficulté de l’entreprise.

— C’est vrai. Allons, nous le reverrons bientôt. Vous savez que si je peux l’aider, je le ferai de grand cœur. Faites lui mes amitiés dans votre prochaine lettre.


VIII


C’était vrai. L’instituteur de l’Isère commençait à connaître le découragement. Le soir même du jour où il avait quitté ses deux amis, sur le quai de la gare du Nord, il était arrivé à Creil. L’heure tardive ne lui permettant aucune recherche, il avait accepté l’offre d’un batelier de l’Oise, et passé la nuit dans sa péniche. Le lendemain il s’était présenté chez le maire qui n’avait rien compris à son offre. Continuant sa route, il était