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LA NOUVELLE ÉQUIPE

de mon devoir. Vous m’avez dit : « C’est vous qui êtes dans la vérité » et il me semble que si je renonçais à cette vérité, je renoncerais à votre estime et à votre amitié.

Il se tut un moment, puis il dit, plus bas encore.

— Et j’aimerais mieux perdre la vie que perdre votre amitié. J’ai trouvé chez vous ce qu’on rencontre rarement chez les jeunes filles : une fermeté d’esprit qui est le plus souvent l’apanage de l’homme, une noblesse de cœur, une générosité, qui font de vous la digne fille de votre mère ; et pourtant, à toutes ces qualités de force, vous joignez une fraîcheur de sentiment qui réconforte. Vous êtes vraiment la femme nouvelle promise à l’avenir. Aujourd’hui, vous êtes presque une exception.

— Ne croyez pas cela, Monsieur Émile. Nous sommes peut-être une minorité, je vous l’accorde, mais je sais d’autres jeunes filles qui possèdent ces qualités que vous dites trouver en moi. La sœur de Jean Tissier, cette charmante Hélène qui était avec nous cet été dans les Alpes, sera, elle aussi, de ces femmes d’avenir que vous évoquez. Bien qu’elle soit plus jeune que moi, j’ai déjà eu l’occasion d’admirer sa force morale et le tranquille courage avec lequel elle a su accueillir les épreuves que sa famille a dû affronter. Oui, il y a en ce moment une jeune génération qui se prépare à jouer un rôle dans les destinées du monde, une génération où les femmes et les hommes ne seront plus séparés par les vieilles barrières du passé, mais lutteront ensemble, la main dans la main, avec confiance et dignité.

— Peut-être dites-vous vrai, Mademoiselle Henriette, mais trop de femmes sont encore restées frivoles, seulement préoccupées de leur personne, et incapables de s’élever vers les graves questions auxquelles nul ne devrait se dérober. Pour les hommes qui ont conscience de leur devoir social et de leur devoir hu-