Page:Vernet - La nouvelle équipe, 1930.pdf/180

Cette page a été validée par deux contributeurs.
174
LA NOUVELLE ÉQUIPE

moiselle Henriette ? suis-je devenu si sensible et si délicat ?

Elle dit, doucement :

— Sans doute, Monsieur Émile, vous êtes robuste et vaillant ; mais après les événements de ces trois jours, il serait admissible que vous ayez conservé un peu de fatigue.

Il lui prit la main.

— Je n’ai conservé que de la douleur morale. Le corps ne vaut pas la peine qu’on s’inquiète de lui.

Puis, plus grave, il ajouta :

— Mademoiselle Henriette je voudrais me confier à vous, vous dire ce que j’ai pensé depuis deux jours, et la décision que j’ai prise enfin cet après-midi.

— À moi seule, Monsieur Émile ?

— À vous seule, je parlerai ensuite à vos parents.

Troublée, ne sachant comment interpréter les paroles du jeune homme, Henriette le regardait sans répondre.

— Mademoiselle Henriette, dit-il, accordez-moi la même confiance que celle que vous m’avez témoignée dans les Alpes, quand je vous ai fait le récit de ma vie et que je vous ai livré ma pensée.

Elle n’hésita plus.

— Venez dans le cabinet de travail, dit-elle. À cette heure nous n’y serons pas dérangés.

Lorsqu’ils furent assis l’un près de l’autre, elle dans un fauteuil, lui sur une chaise basse, elle lui dit :

— Et maintenant, imaginons que nous avons en face de nous le massif du Mont-Blanc, et parlez-moi comme vous l’avez fait là-bas.

Une douceur tendre passa dans le regard du jeune homme. Puis, d’une voix basse et émue, où vibrait un peu de passion.

— Mademoiselle Henriette, depuis ce jour dont vous parlez, votre image est restée pour moi inséparable