Page:Vernet - La nouvelle équipe, 1930.pdf/179

Cette page a été validée par deux contributeurs.
173
LA NOUVELLE ÉQUIPE

Le lendemain matin, le jeune homme ne put se lever, en proie à une violente courbature. Constatant qu’il faisait de la température, Jeanne l’obligea à garder le lit toute la journée.

Elle avait fait le récit des événements de la veille à son mari et à ses enfants, et Pierre était allé en hâte chercher des journaux. Le drame de la rue de la Grange-aux-Belles y était rapidement relaté, l’heure tardive n’ayant pas permis un compte rendu détaillé. Mais on annonçait la mort d’un des blessés et l’on disait que les deux autres étaient dans un état très grave, presque désespéré. On notait encore quelques coups et blessures sans gravité.

Pendant que Pierre lisait les feuilles d’information, Jeanne et Maurice se regardaient, les yeux humides, communiant dans une même douleur.

— Mon Dieu, dit enfin Jeanne, il serait bien nécessaire qu’il y eût de nombreux apôtres de la réconciliation humaine.

Maurice soupira. Puis, avec un cri de souffrance :

— Ah, depuis le meurtre de notre cher Jaurès, que de crimes le fanatisme a fait commettre, au nom des dogmes les plus divers.

Après une seconde nuit de repos, Émile Pagnanon put se lever. L’état fiévreux était dissipé. Mais il restait accablé, triste et taciturne. Le jour suivant, après le repas de midi, il voulut sortir, se déclarant pleinement remis.

— Un peu de marche au grand air me fera du bien, dit-il.

Il rentra à la tombée de la nuit. Henriette vint vers lui, anxieuse.

— Vous êtes resté longtemps dehors, dit-elle, n’allez-vous pas avoir pris froid ?

— Ne suis-je plus l’enfant des montagnes, Made-