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LA NOUVELLE ÉQUIPE

— Ce qui m’indigne le plus, s’écria le jeune instituteur, lorsqu’elle eut terminé, c’est la facilité avec laquelle il semble accepter cette défaite.

Maurice voulut l’apaiser.

— Mon pauvre ami, dit-il, que voulez-vous qu’il fasse en cette circonstance. Il est bien obligé d’accepter les événements.

— Mais pourquoi décourager les quatre qui ont répondu ?

— Parce qu’on ne peut, pratiquement, rien tenter dans ces conditions. Voyez-vous une équipe de quatre volontaires en face de cette formidable besogne à accomplir ?

— Il fallait essayer quand même. Nous nous serions présentés tous les quatre dans l’un des villages qu’il s’agissait de relever. Nous eussions bien trouvé, sur place, quelques braves gens pour se joindre à nous. Ainsi, peut-être, l’élan aurait été donné et d’autres seraient venus. Nous aurions été les travailleurs de la première heure. Il n’en faut pas plus, quelquefois, pour réveiller des consciences et susciter des énergies. Toutes les œuvres de foi ont été tentées par un seul ou par un petit groupe. Il eût été si beau de donner cet exemple au monde : quatre apôtres de la réconciliation des hommes apportant humblement leur aide fraternelle à leurs frères en détresse.

Il parlait, avec une conviction si sincère, les yeux brillants, la voix vibrante, que tous l’admiraient. Ce fut encore Henriette qui conclut :

— Oui, c’eût été beau. Et vraiment la chose méritait la peine d’être tentée.

La semaine toute entière s’écoula. Émile Pagnanon sortait toutes les après-midi, tantôt seul, tantôt en compagnie de Pierre. Deux ou trois fois il sortit également le soir, pour entendre quelques conférences. Il restait soucieux, le regard perdu dans une contemplation