Page:Vernet - La nouvelle équipe, 1930.pdf/172

Cette page a été validée par deux contributeurs.
166
LA NOUVELLE ÉQUIPE

ces entreprises, et les offres allemandes avaient été repoussées. Des spéculations, alors, s’étaient établies sur ces misères. L’affaire des cimetières de guerre était, parmi bien d’autres, un scandale sans précédent. Quelques grandes villes, cependant, se relevaient de leurs ruines ; mais les villages étaient à l’abandon. De pauvres gens étaient revenus vers leurs anciennes demeures, et en attendant qu’on voulût bien faire droit à leurs requêtes, ils s’étaient édifiés de sommaires abris parmi les débris. Les terres de culture étaient en friche, ensevelies sous les décombres laissés par l’invasion.

C’est alors que le centre Quaker français avait entrepris de réunir une équipe de sauveteurs volontaires pour porter secours aux populations des départements dévastés. Il ne faisait appel qu’aux bonnes volontés françaises, afin qu’il ne fût pas dit que des étrangers venaient porter préjudice aux travailleurs français. Les volontaires seraient concentrés sur un point donné, signalé comme étant plus particulièrement abandonné que les autres, et travailleraient sous la direction de chefs compétents. L’appel se terminait en formulant l’espoir que cette première équipe serait un exemple, et susciterait de nouveaux dévouements.

Le jeune instituteur, au courant de cet appel, avait songé à y répondre et à consacrer, à ce travail de reconstruction, les quelques mois libres qu’il avait devant lui. Il en parlait avec ardeur et enthousiasme. Il voyait, disait-il, dans cette croisade humanitaire, non seulement une œuvre de fraternité sociale, mais surtout une œuvre de pacification morale. Les malheureuses populations du nord, spoliées de toutes façons, manifestaient sans cesse des sentiments de haine à l’égard des allemands, cause initiale, à leur avis, de tous leurs malheurs.

— Et voyez-vous, conclut-il, l’action que tente en