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LA NOUVELLE ÉQUIPE

s’éclairaient d’une lumière nouvelle, et la personnalité de Raymond Poincaré devenait le centre de toutes les polémiques qui s’élevaient autour de la guerre.

— Cependant, expliquait à Maurice Bournef, le colonel pacifiste, les racines de la guerre de 14 sont lointaines. On les trouve au travers des documents diplomatiques concernant l’affaire d’Agadir et les lettres de l’Ambassadeur de Russie à cette époque sont très suggestives. Laisser la France libre au Maroc, applaudir l’accord franco-allemand, à condition que la France, en échange, laisse toute liberté à la Russie en Turquie, et la soutienne dans sa politique des Balkans. Soutenir la politique russe dans les Balkans, c’est ce que notre grande alliée nous réclamera jusqu’à cette ténébreuse affaire de Serajevo, qui nous précipitera dans la catastrophe préparée par trois années de subordinations, d’hypocrisie et de mensonge.

— Mon pauvre ami, et c’est pour cela que nous sommes partis, la conscience déchirée, nous demandant où était le devoir.

— Oui, nous avons vu seulement, alors, la dernière partie du dernier acte, habilement présentée pour nous faire perdre tout jugement. La mobilisation allemande, l’attitude de Guillaume, la déclaration de guerre, l’agression contre la Belgique, tout cela nous a masqué le reste. D’ailleurs, avouons-le, que savions-nous des engagements pris par notre diplomatie ? Ce que la presse voulait bien en dire. Et quand on sait comment elle nous a trompés…

— C’est la condamnation de la diplomatie secrète et des alliances. Mon frère et moi en dénoncions déjà le péril en 1912.

— Oui, les voies de la diplomatie secrète mènent toutes et toujours au même point, qui est le carrefour sanglant où s’égorgent les peuples sans savoir pourquoi. Mais la raison d’être de cette monstrueuse institution