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LA NOUVELLE ÉQUIPE

Hélène. J’éprouve déjà de suffisants remords du sacrifice de monsieur Pierre.

— Ce n’est pas un sacrifice, déclara gaiement le jeune homme. Mais ce qui me navre absolument c’est que vous vous obstiniez à m’appeler Monsieur, au lieu de m’appeler simplement Pierre, comme vous dites Henriette à ma sœur. Il était pourtant convenu, il me semble, qu’on était des amis ?

— Mais nous sommes des amis, voyons.

— Des amis, quand on se traite cérémonieusement de Monsieur et de Mademoiselle, vous voulez rire ? Notez bien que pour ma part je ne demande qu’à supprimer Mademoiselle, mais je ne pourrai logiquement le faire que lorsque vous aurez supprimé Monsieur.

Tous les quatre se mirent à rire.

— Allons, dit enfin Henriette, continuons notre route, Monsieur Pagnanon. Laissons-les s’expliquer. Ils nous diront au retour si l’accord s’est fait au sujet des suppressions que Pierre réclame.

Ceux qui ont fait de l’ascension en montagne savent que la dernière partie en est plus particulièrement difficile. Il semble que jamais on n’atteindra le sommet qui paraît grandir à mesure qu’on avance.

— Vous êtes dans votre élément, vous, Monsieur Pagnanon, dit Henriette. Vous êtes autant à l’aise que sur une grande route.

— Songez, Mademoiselle, que je connais la montagne depuis ma plus petite enfance. Mon père était guide et je l’ai accompagné de bonne heure.

— Vous avez gardé le souvenir de votre père ?

— Oh, très bien. Je le vois nettement dans ma mémoire. C’était un homme fort et doux. Sa mort a été un grand malheur pour nous. Ma mère s’est trouvée subitement sans ressources.

— Comment donc a-t-elle pu, par la suite, vous permettre d’étudier ?