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LA NOUVELLE ÉQUIPE

resse des yeux. De l’ensemble de sa personne émanait une fraîcheur qui le rendait tout de suite sympathique.

Très vite, on lui parla de ses vacances de l’année précédente. Alors, empoigné par tout ce qui, depuis un an, prenait sa pensée, il parla de Lugano et des deux heureuses semaines qu’il y avait passées. Il avait rencontré là beaucoup de jeunes pacifistes, pour la plupart affiliés à la Ligue des Résistants à la Guerre, et il s’était lié particulièrement avec deux d’entre eux, Harold Bing et Halvard Lange. Il raconta les différentes péripéties de son séjour, excursions en commun, soirées musicales, conférences sur les questions internationales, sur la Société des Nations, sur l’organisation de la Paix. Sa voix était chaude, passionnée, vibrante, colorée par un léger accent qui donnait aux syllabes une sonorité italienne. On devinait en lui une nature un peu religieuse et mystique, mais les pensées étaient exprimées avec fermeté, et l’ardeur des convictions n’excluait point la raison. Il plut à ses hôtes, et, lorsqu’il les quitta, il convint d’une promenade en montagne pour le lendemain avec les trois jeunes gens.

— La montagne, ce ne sera pas une nouveauté pour vous, lui dit Henriette.

— Mais je ne m’en lasse jamais, Mademoiselle. Ce sont mes vieilles amies, les montagnes, je suis leur petit enfant, moi, voyez-vous.

Pendant plusieurs jours, ils se revirent quotidiennement, soit pour des excursions, soit en d’amicales réunions au chalet des Bournef. Maintenant, le jeune homme parlait sans timidité de ses idées, de la résolution qu’il avait prise de se refuser à la préparation militaire.

— Savez-vous, lui dit un jour Maurice, que la lutte à laquelle vous vous préparez sera rude et qu’elle risque de vous briser.

— Elle ne me brisera pas, Monsieur Bournef. J’ai