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LA NOUVELLE ÉQUIPE

mettre à son cher malade autant d’arrêts qu’il était nécessaire.

Quant à Julien Lenormand qui ne craignait point la marche, avec laquelle il trompait l’emprisonnement de sa vie par une apparence d’activité, il entraînait Éliane en de longues excursions qui souvent fatiguaient la jeune femme, sans que l’aveugle en eût le moindre doute. En ces occasions on laissait la petite Éliane-Renée sous la garde de la tante Jeanne que la fillette aimait, d’ailleurs, à l’égal d’une seconde maman.

Une invitée était encore attendue pour le début d’août. C’était Hélène Tissier, qui était devenue rapidement l’amie d’Henriette. Hélène et son frère allaient généralement passer leurs vacances chez leurs grands-parents de la campagne Niortaise. Mais, cette année-là, Jean, qui avait fait des études d’allemand, avait pu s’arranger pour passer ses vacances en Allemagne, dans une famille où il devait donner des leçons de français en échange de l’hospitalité qui lui serait offerte. C’était un arrangement pratique pour lui et pour sa famille, mais qui avait l’inconvénient de laisser Hélène seule pendant deux mois. C’est alors qu’Henriette avait eu l’ingénieuse pensée de proposer à sa famille d’appeler Hélène près d’eux. On avait d’abord soumis le projet à Mme Tissier ; mais il avait encore fallu employer des moyens diplomatiques pour faire accepter l’invitation par le père d’Hélène, toujours ombrageux et susceptible. On avait cependant triomphé de ses scrupules et de ses objections, et il était convenu qu’Hélène viendrait rejoindre ses nouveaux amis aussitôt après le départ de Jean pour l’Allemagne.

Pierre était particulièrement heureux de cette combinaison. Depuis qu’il avait rencontré Hélène quelque chose de frais et de jeune était entré en lui. Près d’elle il se sentait emporté vers une vie plus active, il s’extériorisait davantage. La jeune fille, d’ailleurs, lui témoi-