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LA NOUVELLE ÉQUIPE

ce qui explique son attachement à ma vieille amie.

— Et alors ?

— Alors, Marie Guerrier me soumet un cas de conscience bien embarrassant. Désireuse de mettre quelque chose d’intéressant dans la vie de son jeune protégé, elle lui a offert, l’an dernier, le voyage de Lugano pour y suivre le cours de vacances organisé par la Ligue Internationale des femmes pour la Paix. Le jeune instituteur en est revenu enthousiasmé. Déjà conquis aux questions du pacifisme, les conférences qu’il a suivies à Lugano ont été pour lui, déclare-t-il, une source de lumière, et il est résolu à se refuser à l’obligation militaire.

— J’aime cet instituteur, Monsieur Converset, déclara Pierre ; dites-moi vite son nom.

— Il s’appelle Émile Pagnanon.

— Merci, je le retiendrai.

— Mais pardon, je ne vois pas le cas de conscience qui vous embarrasse, reprit Maurice.

— Voilà. La décision de ce jeune homme épouvante ma vieille amie. Elle s’attribue une responsabilité dans sa décision par le fait qu’elle lui a permis d’aller à Lugano, où ses idées ont trouvé une affirmation plus nette.

— Bah, cette affirmation lui fut venue d’ailleurs, si le jeune homme était déjà acquis à la cause de la résistance à la guerre.

— Sans doute. Mais le scrupule de mon amie est tout à son honneur. Elle redoute pour son protégé les conséquences de pareille détermination. Elle entrevoit le conseil de guerre, la prison, Biribi. Et elle me demande d’intervenir auprès du jeune homme pour le faire revenir sur sa décision.

— Vous, mais comment ?

— Quand je vais me rendre en Savoie, en juillet, elle me propose de me venir voir avec lui.