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LA NOUVELLE ÉQUIPE

Pierre s’inclina, pendant que la jeune fille, souriante, lui tendait la main.

— Si vous le voulez bien, Monsieur Bournef, dit-elle, je vous proposerai tout de suite de nous considérer vous et moi, comme des amis. Ce sera moins gênant. Cela nous évitera les politesses conventionnelles ; et ce sera d’ailleurs presque vrai, car nous nous connaissons de longue date, si j’en crois mon frère.

Pierre souriait, amusé. Il regardait cette fraîche enfant, si simple et si naturelle, si peu semblable aux jeunes filles qu’il rencontrait parfois dans leurs relations mondaines.

— Mademoiselle Hélène, dit-il, si Jean vous a causé de moi autant qu’il m’a causé de vous, il est certain que nous nous connaissons et que nous pouvons nous considérer comme des amis.

Mme Tissier, entrant en ce moment, chargée d’un plateau, mit fin aux formalités, toujours un peu ennuyeuses, de présentation.

Hélène Tissier avait seize ans depuis janvier. Elle préparait le concours de l’École normale d’institutrices de la Seine.

— Les études secondaires ne vous ont pas tentées, lui demanda Pierre, pendant que Jean aidait sa mère à disposer le plateau sur sa table.

Un nuage passa sur le beau front d’Hélène.

— Ce n’est pas tout à fait cela, Monsieur Pierre, dit-elle, devenue soudain sérieuse. J’ai passé le concours des bourses il y a quatre ans, à Niort. J’avais été reçue. Mais nous sommes alors venus à Paris, et la bourse qui m’avait été accordée là-bas ne m’a pas suivie ici. Alors, mes parents étant dans l’impossibilité de payer le lycée, je me suis résignée aux études primaires. J’ai été admise à Sophie-Germain, et j’espère bien être reçue à l’école normale en juillet.

— Mais vous eussiez préféré le Lycée ?