Page:Vernet - La nouvelle équipe, 1930.pdf/128

Cette page a été validée par deux contributeurs.
122
LA NOUVELLE ÉQUIPE

lui demander comment il comptait s’entendre avec lui, parlant de reprendre « leur association » et commettant l’imprudence de dire « notre affaire ».

L’autre sentit le danger. Son frère se croyait donc autant propriétaire que lui ? Non, mais, il exagérait… C’était lui qui avait acheté l’ancien atelier et l’avait fait agrandir ; c’était lui qui avait acheté le terrain avoisinant et y avait mis des baraquements. C’était lui qui, du petit atelier avait fait une usine. Tout cela était à lui, bien à lui ; c’était le fruit de son travail.

Pour ne pas se compromettre dans une correspondance, il vint voir son frère, lui causa sérieusement, et parla net et ferme. L’entreprise était à lui ; il entendait ne pas être dépossédé. Certes, il ne refusait pas d’employer son frère ; il lui offrait la meilleure place chez lui, il l’intéressait aux bénéfices, mais celui-ci devait bien comprendre qu’il ne pouvait être question de partage.

— Pourtant, objecta Charles, autrefois c’était à nous deux l’atelier. Les outils et les premières machines nous les avons achetés ensemble ; le petit moteur, le premier, c’est moi qui l’ai monté.

— Sans doute, mon vieux, dit l’aîné, et c’est parce que je tiens compte de cela que je veux bien t’aider à te faire une situation. Mais, comprends bien que de ce premier outillage dont tu parles, il ne reste plus rien, ou presque. J’ai maintenant un matériel perfectionné, des moteurs puissants, tout un agencement auprès duquel l’autre était de la pacotille.

— Pacotille, si tu veux ; mais c’est toujours lui qui t’a mis le pied à l’étrier.

— Et mon travail, tu l’oublies ? Quand je suis revenu dans l’atelier fermé, ce n’était pas tout rose. Il a fallu tout recommencer. J’en ai eu du souci. Et j’ai passé des bouts de nuit, je t’assure. Ce que j’ai