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LA NOUVELLE ÉQUIPE

et j’arrive seulement. J’ai eu l’idée de venir ici pour savoir ce qu’il était advenu de vous. Bien m’en a pris, puisque je vous rencontre.

Le nouveau venu parlait avec entrain, presque avec gaieté. Maurice sourit.

— Une heure plus tard, dit-il, tu ne nous eusses pas trouvés.

— Vous partez ?

— Oui.

— Et Lenormand ?

— Il est parti hier, dit Éliane dont les yeux s’embrumèrent en dépit des efforts qu’elle faisait pour ne pas montrer son désespoir.

Bernard Lautier le remarqua.

— Madame Lenormand, dit-il, ayez du courage. Il reviendra, soyez-en sûr.

Elle secoua la tête.

— Oui, poursuivit Lautier, c’est plus dur pour vous, les femmes. Nous, nous avons pour faire diversion l’activité, le souci du risque, la conscience de notre devoir. Vous n’avez, vous autres, que l’attente et la douleur.

— Mais la douleur est pour tous, interrompit Jeanne.

— Sans doute ; mais nous n’avons pas le droit de l’écouter, nous autres.

Personne ne répondit, et Jeanne murmura tout bas :

— Toujours la doctrine de Sparte !…

Cependant Maurice et Léon s’étaient levés.

L’heure ultime était venue.

— Écoutez, proposa Léon, si vous restiez toutes deux ici, près d’Éliane. À quoi bon venir jusqu’à la gare ?

Jeanne d’un élan fut près de Maurice.

— Louise fera ce qu’elle voudra, dit-elle ; pour moi je ne quitterai mon mari que lorsque la force me l’arrachera.