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LA NOUVELLE ÉQUIPE

vous obéissez à votre croyance. Nul n’a le droit de vous condamner, mais personne ne peut vous sauver de vous-même.

— Mais je serais un lâche, Jeanne, si je restais à présent.

Elle dit, douloureuse :

— Comme tu me donnes raison, Maurice…

Elle prit sa main qu’elle appuya sur sa poitrine.

— Mon cher mari, mon meilleur ami, ne causons plus… Tu souffres, je le sens trop. Je voudrais seulement que tu sentes mon amour pour toi…

Maternellement, elle l’attira dans ses bras, le baisa au front. Puis, elle dit encore :

— Écoute, Maurice, je veux te faire un serment, à cette heure. Tu vas partir. Je ne sais ce que demain sera pour nous ; mais je te jure que je ne permettrai pas que la morale néfaste prenne le cœur de notre Pierre…

— Jeanne…

— Sur la ruine de tout ce qui nous fut cher, qu’une foi au moins subsiste : la foi dans l’avenir.

— Oui, Jeanne.

— Et l’avenir ce sont nos enfants…


XIII


Dès le début de l’après-midi, Léon se présenta. Il était seul. Il avait laissé Louise près d’Éliane, anéantie par le départ de son mari. Julien Lenormand, à l’annonce de la déclaration de guerre, la veille, avait brusquement oublié sa résolution de retarder son départ. Il était parti le mardi dans la matinée. Ç’avait été, pour la pauvre Éliane, une heure déchirante, que la situation rendait plus cruelle encore. Louise et Léon avaient voulu la décider à quitter Paris, pour l’arra-