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LA NOUVELLE ÉQUIPE

Maurice eut un geste vague.

— Je profitais de cette dernière journée pour mettre en ordre bien des choses, répondit-il. Et je n’ai pas fini encore.

— Je ne vous distrairai pas longtemps. Je veux seulement vous mettre au courant de faits que vous ignorez certainement.

Maurice releva interrogativement la tête.

— L’Allemagne viole la neutralité Belge et attaque Liège.

— Ce n’est pas possible !

— C’est exact. J’arrive du G. Q. G. où je l’ai appris. Vous pensez bien que je ne serais pas venu sans certitude.

Maurice restait stupéfait.

— Mais voyons, dit-il, la neutralité belge est assurée par des traités. L’Allemagne les a signés aussi bien que la France.

— Mon cher ami, il ne faut pas vous frapper plus que je ne l’ai été moi-même. Avec l’Allemagne, il fallait s’attendre à cette félonie.

Puis avec dignité :

— Nous autres français, nous sommes toujours disposés à prêter à nos voisins, même à nos ennemis, nos principes d’honneur et de loyauté. Nous y avons déjà été pris, dans l’histoire. Ce sera une leçon de plus.

Maurice s’était levé et marchait nerveusement dans la pièce.

— Toutes nos croyances seront donc brisées, s’écria-t-il. La raison, la justice, le droit, tout va donc sombrer dans cette guerre ?

— Mon gendre, pour l’Allemagne le droit c’est la force, la justice c’est la force, la raison c’est la force. Elle n’a pas d’autre culte. Et cet attentat contre la Belgique est un coup de force où elle va déployer toute sa puissance.