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LA NOUVELLE ÉQUIPE

Une gêne soudaine accueillit leur entrée. Sans vouloir le remarquer, ils s’avancèrent au milieu du groupe, et l’un d’eux prit la parole.

— Chers Camarades, dit-il, nous croyons qu’il est de notre devoir de vous apporter ici l’expression de notre sympathie. Tous les Allemands, vous le savez bien, ne sont pas les ennemis de la France. Tous les Allemands n’ont pas voulu la guerre. Nous vous en donnerons un témoignage en vous transmettant les nouvelles que nous avons reçues de nos familles depuis quelques jours. Des pétitions ont été signées et adressées au Kaiser pour le supplier de ne pas entraîner le pays dans la guerre. Mon propre frère, professeur à Sigmaringen, a lui-même fait circuler des feuilles et recueilli de nombreuses signatures. Malheureusement les forces malfaisantes ont gagné la partie.

Puis, tirant une lettre de sa poche, l’Allemand l’ouvrit et la tendit à l’assistance.

— Voici la dernière lettre de mon frère. Elle est du 29 juillet. Si quelqu’un de vous lit l’allemand, qu’il en donne connaissance à ses camarades.

Le vieux professeur tendit la main.

— Donnez, dit-il.

Il prit le papier, le lut. Sa main tremblait, et l’émotion de sa pensée était visible sur son visage.

— Mes camarades, dit-il enfin, je ne puis vous faire la traduction littérale de cette lettre. Mais je peux vous la résumer. Ce que vient de nous dire notre camarade allemand est exact. Son frère raconte ici les efforts faits par quelques professeurs de Sigmaringen pour recueillir des signatures sur une supplique au Kaiser. Il dit que cette tentative s’est également faite ailleurs. Il parle de l’émotion des femmes et du chagrin des familles. Je ne me trompais donc point tout à l’heure en déclarant que nous n’avions pas à témoigner de haine au peuple d’Allemagne.