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LA NOUVELLE ÉQUIPE

blique. Il se met à la disposition de l’État-Major. Et naturellement Miguel Almeyreda aussi.

Léon, à son tour, se tourna vers le sceptique.

— Vous aviez raison, monsieur, tout le monde est fou.

— Nous montons à la Fédération, dit Maurice au nouveau-venu, et vous ?

— Moi aussi.

Quand ils y arrivèrent, la salle était déjà pleine. Une vingtaine de socialistes discutaient sur la question des crédits de guerre que la Chambre avait votés à la rentrée de l’après-midi.

— Les socialistes ne pouvaient pas refuser leur vote, expliquait un journaliste, c’est conforme aux décisions des congrès ; il s’agit d’une guerre défensive.

Un lourd silence pesa un moment dans la pièce. Puis, le vieux professeur de mathématiques, Charles Laurent, se leva. Il n’appartenait pas au Parti, mais il était d’esprit socialisant, et comptait de nombreux amis dans la fraction intellectuelle du socialisme. En apprenant la déclaration de guerre, il était venu à la Fédération sans tarder.

Son beau visage était grave et recueilli, sous l’abondance des cheveux blancs, qui lui donnaient à l’ordinaire une sérénité majestueuse, remplacée aujourd’hui par une expression de douloureuse énergie.

— Mes amis, dit-il, je crois résumer notre pensée à tous en disant que cette guerre nous atteint au plus profond de nos sentiments d’humanité. Nous ne nous sentions pas seulement Français, mais Européens, mais membres de la grande famille humaine. Nous croyions que le temps des guerres était fini pour des pays civilisés comme les nôtres, que les hommes en étaient arrivés à un stade de raison et d’intelligence qui leur permettait de s’entendre sans violence et sans effusion de sang. Nous nous sommes trompés. L’évolution n’a