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assimiler l’un à l’autre, et cette confusion amène souvent de fâcheux et tristes résultats.

L’esprit est prompt, la chair est faible ! » — nous dit l’Écriture. Certes, oui, la chair est faible. Que faut-il de temps au désir pour devenir un acte ? Et cet acte est-il toujours accompli volontairement et sciemment ? Il est des heures, où la notion des choses réelles disparaît, où plus rien n’existe en nous que la sensation du moment.

Ceux qui ont vécu au milieu de la Nature le savent pertinemment lorsqu’au printemps la sève remonte aux branches, quand les effluves de vie jaillissent de toutes parts du sol, du soleil, des bois et des plantes, le désir aussi court sous la peau et rend les poitrines frémissantes. Et par les lourds soirs d’été, les soirs chauds et parfumés, qui donc niera que le besoin de volupté ne soit plus intense ? Allez, les passionnés qui, par de pareils soirs, ont été seuls, en savent quelque chose ; et ils vous diront tout ce qu’ils ont souffert de leur solitude par ces soirs-là.

Or, s’il existe des jours et des heures où la sensualité soit en quelque sorte exaspérée, rien d’étonnant à ce que « la chair soit faible ». Il suffit pour cela que le hasard complice mette en face l’un de l’autre deux individus de sexe différent.

Mais cela n’est pas l’amour ; ce n’est simplement que le désir. Désir qui parfois revêt toutes les apparences de l’amour ; mais qui, assouvi, laisse les deux amants parfaitement étrangers l’un à l’autre, tout comme l’affamé s’en va sans regret de la table quand sa faim est apaisée. Qu’on n’aille pas conclure de cette dernière phrase que je condamne le désir. Pourquoi le condamnerais-je, puisque je viens de démontrer qu’il est naturellement lié à notre vie sexuelle ? Ce que je voulais seulement, c’était nettement établir la différence du désir et de l’amour.


II

Donc, le mariage, l’amour, le désir sont trois choses, distinctes :

— Le mariage, c’est la chaîne qui retient l’homme et la femme prisonniers l’un de l’autre.