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les mêmes plantes que celles recueillies par moi-même. Il a évidemment pris pour des fossiles les incrustations dont je viens de parler. Le fait seul que la plupart des espèces qu’il signale ont été importées de nos jours suffit amplement à démontrer qu’il s’agit d’un phénomène tout récent.

Rencontre-t-on des animaux terrestres à l’état fossile dans l’archipel Canarien ? À cette question tous les voyageurs, tous les naturalistes ont répondu négativement. Aucun des animaux qui, d’après Platon, peuplaient les plaines et les montagnes de l’Atlantide, pas même l’éléphant, n’a laissé de traces dans les îles actuelles.

En revanche, j’ai exploré des couches fossilifères très riches qui contiennent de nombreuses espèces animales exclusivement marines. Je n’ai pas la prétention d’avoir découvert ces couches, car elles étaient connues bien avant mon premier voyage. Les coquilles qu’on y avait recueillies avaient même fait l’objet de sérieuses études de la part de Lyell, d’Hartung, de Woodward, etc., et ces naturalistes y avaient reconnu un certain nombre d’espèces de la fin du miocène. Un banc que j’ai exploré au-dessus de Las Palmas a fourni beaucoup d’espèces que les spécialistes regardent comme plus récentes et ne rapportent qu’au quaternaire ancien. Il est de toute évidence que les bancs auxquels je fais allusion n’ont pu s’accumuler sur une terre émergée ; ils se sont formés au fond des eaux.

Aujourd’hui, par suite des soulèvements qui se sont produits depuis l’époque de leur formation, les couches fossilifères d’origine marine se trouvent à 100 et 200 mètres d’altitude. Des coquilles d’huîtres ont même été recueillies à 1,000 mètres au-dessus du niveau de l’Océan. C’est là, à mon sens, une des meilleures preuves qu’on puisse invoquer en faveur de la théorie que j’ai défendue et qui consiste à voir dans les Canaries, non pas les restes d’un continent affaissé, mais bien des îles que les forces volcaniques ont fait surgir des eaux à une date qui ne remonte pas au-delà de l’époque quaternaire.

Je suis, vous le voyez, complètement d’accord avec M. Gabriel de Mortillet, relativement à l’origine volcanique de l’archipel Canarien. Je me suis cru autorisé à résumer les faits qui doivent faire rejeter l’existence d’une Atlantide située en face de la côte africaine.

S’il m’était permis d’exprimer une opinion en ce qui concerne