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S. Berthelot ont mentionné des schistes ; il s’agit simplement de phonolites, roches essentiellement volcaniques, qu’un phénomène de métamorphisme a rendues feuilletées.

En réalité, on ne connaît en faits de roches anciennes recueillies dans les îles Canaries que les quelques fragments de diorite quartzifère, de diabase et de porphyrite décrits par M. Salvador Calderon, et ceux de sulfure de plomb, de fer oxydulé et de carbonate de cuivre que j’ai récoltés moi-même. Mais il est à remarquer que ces spécimens se sont toujours rencontrés isolés au milieu de débris volcaniques de toutes sortes et à l’état de fragments peu volumineux. Des minéralogistes d’une grande valeur, MM. Fouqué, Calderon, Scrope, Stoppani, pensent qu’il s’agit simplement de fragments arrachés, pendant les éruptions, aux assises primitives à travers lesquelles les volcans de l’Océan se sont ouvert un passage. C’est là selon moi, la seule explication plausible de leur présence.

Donc, au point de vue minéralogique, les Canaries constituent bien un archipel purement volcanique. D’autres raisons ne permettent pas de voir dans les îles qui nous occupent les restes d’un continent affaissé. Ainsi, la commission des dragages sous-marins a rencontré, à une très faible distance des côtes, des fonds qui dépassent 5,000 mètres. Ajoutons à ces 5,000 mètres d’eau les 3,711 mètres qui représentent la hauteur du pic du Teyde, à Ténériffe, et nous arriverons à un total de 9,000 mètres environ. Ce chiffre correspondrait à l’altitude des montagnes de l’Atlantide.

Si un continent avait existé dans la région canarienne pendant les époques tertiaire ou quaternaire, il eut vraisemblablement renfermé des êtres organisés, plantes ou animaux terrestres, dont on retrouverait les restes à l’état fossile. Bory de Saint-Vincent nous parle bien de fossiles végétaux qu’il a rencontrés à la Rambla, dans l’île de Ténériffe. J’ai moi-même fait une ample récolte de ces prétendus végétaux anciens ; ce sont de simples inscrustations entièrement analogues à celles que produisent certaines sources de France. Lorsqu’on vient à briser le bloc de calcaire qui affecte la forme d’une tige ou d’une feuille, on trouve, en effet, au centre, la plante bien conservée. Or, parmi les plantes recouvertes d’inscrustations que j’ai récoltées à la Rambla, figurent le mûrier, la ronce, la vigne, le châtaigner, l’oranger, le citronnier, et la plupart de ces végétaux ont été introduits dans l’archipel depuis le quinzième siècle. Bory de Saint-Vincent cite exactement