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AVENTURES DU CAPITAINE HATTERAS

Johnson et Bell se mirent à nager vigoureusement ; pendant une heure, on ne quitta pas le lieu de la catastrophe. On chercha, mais en vain ! Le malheureux Hatteras, emporté par l’ouragan, était perdu.

Perdu ! si près du pôle ! si près de ce but qu’il n’avait fait qu’entrevoir !

Le docteur appela, cria, fit feu de ses armes ; Duk joignit ses lamentables aboiements à sa voix ; mais rien ne répondit aux deux amis du capitaine. Alors une profonde douleur s’empara de Clawbonny ; sa tête retomba sur ses mains, et ses compagnons l’entendirent pleurer.

En effet, à cette distance de la terre, sans un aviron, sans un morceau de bois pour se soutenir, Hatteras ne pouvait avoir gagné vivant la côte, et si quelque chose de lui touchait enfin cette terre désirée, ce serait son cadavre tuméfié et meurtri.

Après une heure de recherche, il fallut reprendre la route au nord et lutter contre les dernières fureurs de la tempête.

À cinq heures du matin, le 11 juillet, le vent s’apaisa ; la houle tomba peu à peu ; le ciel reprit sa clarté polaire, et, à moins de trois milles, la terre s’offrit dans toute sa splendeur.

Ce continent nouveau n’était qu’une île, ou plutôt un volcan dressé comme un phare au pôle boréal du monde.

La montagne, en pleine éruption, vomissait une masse de pierres brûlantes et de quartiers de rocs incandescents ; elle semblait s’agiter sous des secousses réitérées comme une respiration de géant ; les masses projetées montaient dans les airs à une grande hauteur, au milieu des jets d’une flamme intense, et des