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LES ANGLAIS AU POLE NORD

attend dans quelque établissement danois, à Hosteinborg ou Uppernawik ; il aura été là compléter sa cargaison de peaux de phoques, acheter ses traîneaux et ses chiens, en un mot réunir tout l’attirail que comporte un voyage dans les mers arctiques. Je serai donc peu surpris de le voir un beau matin sortir de sa cabine, et commander la manœuvre de la façon la moins surnaturelle du monde.

— Possible, répondit Shandon d’un ton sec ; mais, en attendant, le vent fraîchit, et il n’est pas prudent de risquer ses perroquets par un temps pareil. »

Shandon quitta le docteur et donna l’ordre de carguer les voiles hautes.

« Il y tient, dit le docteur au maître d’équipage.

— Oui, répondit ce dernier, et cela est fâcheux, car vous pourriez bien avoir raison, monsieur Clawbonny. »

Le samedi, vers le soir, le Forward doubla le mull[1] de Galloway, dont le phare fut relevé dans le nord-est ; pendant la nuit, on laissait le mull de Cantyre au nord, et à l’est le cap Fair sur la côte d’Irlande. Vers les trois heures du matin, le brick, prolongeant l’île Rathlin sur sa hanche de tribord, débouqua par le canal du Nord dans l’Océan.

C’était le dimanche 8 avril ; les Anglais, et surtout les matelots, sont fort observateurs de ce jour ; aussi la lecture de la Bible, dont le docteur se chargea volontiers, occupa une partie de la matinée.

Le vent tournait alors à l’ouragan et tendait à rejeter le brick sur la côte d’Irlande ; les vagues furent très-fortes, le roulis très-dur. Si le docteur n’eut pas le

  1. Promontoire.