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AVENTURES DU CAPITAINE HATTERAS

piqués aux approches du matin ; mais, bien couverts, ils avaient dormi profondément, sous la garde des animaux paisibles.

Le temps se maintenant au beau, ils résolurent de consacrer encore cette journée à la reconnaissance du pays et à la recherche des bœufs musqués. Il fallait bien donner à Altamont la possibilité de chasser un peu, et il fut décidé que, quand ces bœufs seraient les animaux les plus naïfs du monde, il aurait le droit de les tirer. D’ailleurs, leur chair, quoique fortement imprégnée de musc, fait un aliment savoureux, et les chasseurs se réjouissaient de rapporter au Fort-Providence quelques morceaux de cette viande fraîche et réconfortante.

Le voyage n’offrit aucune particularité pendant les premières heures de la matinée ; le pays, dans le nord-est, commençait à changer de physionomie ; quelques ressauts de terrain, premières ondulations d’une contrée montueuse, faisaient présager un sol nouveau. Cette terre de la Nouvelle-Amérique, si elle ne formait pas un continent, devait être au moins une île importante ; d’ailleurs, il n’était pas question de vérifier ce point géographique.

Duk courait au loin, et il tomba bientôt en arrêt sur des traces qui appartenaient à un troupeau de bœufs musqués ; il prit alors les devants avec une extrême rapidité et ne tarda pas à disparaître aux yeux des chasseurs.

Ceux-ci se guidèrent sur ses aboiements clairs et distincts, dont la précipitation leur apprit que le fidèle chien avait enfin découvert l’objet de leur convoitise.

Ils s’élancèrent en avant, et, après une heure et demie de marche, ils se trouvèrent en présence de deux animaux d’assez forte taille et d’un aspect véritablement redoutable ; ces singuliers quadrupèdes paraissaient étonnés des attaques