tendaient les ours aller, venir, grogner sourdement, et gratter de leurs énormes pattes les murailles de neige.
Cependant il fallait agir ; le temps pressait. Altamont résolut de pratiquer une meurtrière, afin de tirer sur les assaillants ; en quelques minutes, il eut creusé une sorte de trou dans le mur de glace ; il y introduisit son fusil ; mais, à peine l’arme passa-t-elle au-dehors, qu’elle lui fut arrachée des mains avec une puissance irrésistible, sans qu’il pût faire feu.
« Diable ! s’écria-t-il, nous ne sommes pas de force. »
Et il se hâta de reboucher la meurtrière.
Cette situation durait déjà depuis une heure, et rien n’en faisait prévoir le terme. Les chances d’une sortie furent encore discutées ; elles étaient faibles, puisque les ours ne pouvaient être combattus séparément. Néanmoins, Hatteras et ses compagnons, pressés d’en finir, et, il faut le dire, très-confus d’être ainsi tenus en prison par des bêtes, allaient tenter une attaque directe, quand le capitaine imagina un nouveau moyen de défense.
Il prit le poker[1] qui servait à Johnson à dégager ses fourneaux et le plongea dans le brasier du poêle ; puis il pratiqua une ouverture dans la muraille de neige, mais sans la prolonger jusqu’au-dehors, et de manière à conserver extérieurement une légère couche de glace.
Ses compagnons le regardaient faire. Quand le poker fut rouge à blanc. Hatteras prit la parole et dit :
- ↑ Longue tige de fer destinée à attiser le feu des fourneaux.