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LE DÉSERT DE GLACE

compagnons de se modérer ; il leur prêcha d’exemple, et, tout en mangeant, il reprit la parole.

« Nous sommes aujourd’hui dans un jour de bonheur, dit-il ; nous avons des provisions assurées pour le reste de notre voyage. Pourtant il ne faut pas nous endormir dans les délices de Capoue, et nous ferons bien de nous remettre en chemin.

— Nous ne devons pas être éloignés de plus de quarante-huit heures du Porpoise, dit Altamont, dont la parole redevenait presque libre.

— J’espère, dit en riant le docteur, que nous y trouverons de quoi faire du feu ?

— Oui, répondit l’Américain.

— Car, si ma lentille de glace est bonne, reprit le docteur, elle laisserait à désirer les jours où il n’y a pas de soleil, et ces jours-là sont nombreux à moins de quatre degrés du pôle !

— En effet, répondit Altamont avec un soupir ; à moins de quatre degrés ! mon navire est allé là, où jamais bâtiment ne s’était aventuré avant lui !

— En route ! commanda Hatteras d’une voix brève.

— En route ! » répéta le docteur en jetant un regard inquiet sur les deux capitaines.

Les forces des voyageurs s’étaient promptement refaites ; les chiens avaient eu large part des débris de l’ours, et l’on reprit rapidement le chemin du nord.

Pendant la route, le docteur voulut tirer d’Altamont quelques éclaircissements sur les raisons qui l’avaient amené si loin, mais l’Américain répondit évasivement.