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AVENTURES DU CAPITAINE HATTERAS

— Un cadavre ! s’écria le docteur.

— Ce n’est pas une cache, répondit Hatteras ; c’est une tombe. »

Le cadavre, mis à l’air, était celui d’un matelot d’une trentaine d’années, dans un état parfait de conservation ; il portait le vêtement des navigateurs arctiques ; le docteur ne put dire à quelle époque remontait sa mort.

Mais, après ce cadavre, Bell en découvrit un second, celui d’un homme de cinquante ans, portant encore sur sa figure la trace des souffrances qui l’avaient tué.

« Ce ne sont pas des corps enterrés, s’écria le docteur. Ces malheureux ont été surpris par la mort tels que nous les trouvons !

— Vous avez raison, monsieur Clawbonny, répondit Bell.

— Continuez ! continuez ! » disait Hatteras.

Bell osait à peine. Qui pouvait dire ce que ce monticule de glace renfermait des cadavres humains ?

« Ces gens ont été victimes de l’accident qui a failli nous arriver à nous-mêmes, dit le docteur ; leur maison de neige s’est affaissée. Voyons si quelqu’un d’eux ne respire pas encore ! »

La place fut déblayée avec rapidité, et Bell ramena un troisième corps, celui d’un homme de quarante ans ; il n’avait pas l’apparence cadavérique des autres ; le docteur se baissa sur lui et crut surprendre encore quelques symptômes d’existence.

« Il vit ! il vit ! » s’écria-t-il.

Bell et lui transportèrent ce corps dans la maison de neige, tandis qu’Hatteras, immobile, considérait la demeure écroulée.