Page:Verne - Voyages et aventures du capitaine Hatteras.djvu/210

Cette page a été validée par deux contributeurs.
200
AVENTURES DU CAPITAINE HATTERAS

hache, ce qui, même dans les mers arctiques, est une vilaine manière de se déshabiller. Il fallait, au contraire, laisser un libre passage à la respiration, qui, devant un obstacle, se fût immédiatement congelée.

L’interminable plaine se poursuivait avec une fatigante monotonie ; partout des glaçons amoncelés sous des aspects uniformes, des hummocks dont l’irrégularité finissait par sembler régulière, des blocs fondus dans un même moule, et des ice-bergs entre lesquels serpentaient de tortueuses vallées ; on marchait la boussole à la main ; les voyageurs parlaient peu. Dans cette froide atmosphère, ouvrir la bouche constituait une véritable souffrance ; des cristaux de glace aigus se formaient soudain entre les lèvres, et la chaleur de l’haleine ne parvenait pas à les dissoudre. La marche restait silencieuse, et chacun tâtait de