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AVENTURES DU CAPITAINE HATTERAS

d’hiver, et un renard bleu que Duk força avec un remarquable talent. Quelques ours, habitués évidemment à redouter la présence de l’homme, ne se laissèrent pas approcher, et les phoques étaient extrêmement fuyards, par la même raison sans doute que leurs ennemis les ours. La baie regorgeait d’une sorte de buccin fort agréable à déguster. La classe des animaux articulés, ordre des diptères famille des culicides, division des némocères, fut représentée par un simple moustique, un seul, dont le docteur eut la joie de s’emparer après avoir subi ses morsures. En qualité de conchyliologue, il fut moins favorisé, et il dut se borner à recueillir une sorte de moule et quelques coquilles bivalves.


CHAPITRE XXI. — LA MORT DE BELLOT.

La température, pendant les journées du 3 et du 4 juillet, se maintint à cinquante-sept degrés (+14° centig.) ; ce fut le plus haut point thermométrique observé pendant cette campagne. Mais le jeudi 5, le vent passa dans le sud-est et fut accompagné de violents tourbillons de neige. Le thermomètre tomba dans la nuit précédente de vingt-trois degrés. Hatteras, sans se préoccuper des mauvaises dispositions de l’équipage, donna l’ordre d’appareiller. Depuis treize jours, c’est-à-dire depuis le cap Dundas, le Forward n’avait pu gagner un nouveau degré dans le nord ; aussi le parti représenté par Clifton n’était pas satisfait ; ses désirs, il est vrai, se trouvèrent d’accord en ce moment avec la résolution du capitaine de s’élever dans le canal Wellington, et il ne fit pas de difficultés pour manœuvrer.

Le brick ne parvint pas sans peine à mettre à la voile ; mais, ayant établi dans la nuit sa misaine, ses huniers et ses perroquets, Hatteras s’avança hardiment au milieu des trains de glace que le courant entraînait vers le sud. L’équipage se fatigua beaucoup dans cette navigation sinueuse, qui l’obligeait souvent à contrebrasser la voilure.