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LES ANGLAIS AU POLE NORD

çait avec précaution, mais il avançait ; les tempêtes sont fréquentes dans cet espace resserré, et le brick n’échappa pas à leur violence habituelle ; par ordre d’Hatteras, les vergues des perroquets et des huniers furent envoyées en bas, les mâts dépassés ; malgré tout, le navire fatigua énormément ; les coups de mer arrivaient par paquets dans les rafales de pluie ; la fumée s’enfuyait vers l’est avec une étonnante rapidité ; on marchait un peu à l’aventure, au milieu des glaces en mouvement ; le baromètre tomba à vingt-neuf pouces ; il était difficile de se maintenir sur le pont ; aussi la plupart des hommes demeuraient dans le poste pour ne pas souffrir inutilement.

Hatteras, Johnson, Shandon restèrent sur la dunette, en dépit des tourbillons de neige et de pluie, et il faut ajouter le docteur, qui, s’étant demandé ce qui lui serait le plus désagréable de faire en ce moment, monta immédiatement sur le pont ; on ne pouvait s’entendre et à peine se voir ; aussi garda-t-il pour lui ses réflexions.

Hatteras essayait de percer le rideau de brume, car, d’après son estime, il devait se trouver à l’extrémité du détroit vers les six heures du soir ; alors toute issue parut fermée ; Hatteras fut donc forcé de s’arrêter et s’ancra solidement à un ice-berg ; mais il resta en pression toute la nuit.

Le temps fut épouvantable. Le Forward menaçait à chaque instant de rompre