Page:Verne - Voyages et aventures du capitaine Hatteras.djvu/100

Cette page a été validée par deux contributeurs.
90
AVENTURES DU CAPITAINE HATTERAS

découvreurs anciens, et que s’il fallait remonter à Cook pour obtenir la Nouvelle-Calédonie en 1774 et les îles Sandwich où il périt en 1778, il existait néanmoins un coin du globe sur lequel ils semblaient avoir réuni tous leurs efforts.

C’étaient précisément les terres et les mers boréales du nord de l’Amérique.

En effet, le tableau des découvertes polaires se présente ainsi :

La côte ouest du Groënland 1 erte par
La Nouvelle-Zemble, découverte par  Willoughby  en  1553.
L’île de Weigatz Barrough 1556.
La côte ouest du Groënland Davis 1585.
Le détroit de Davis Davis 1587.
Le Spitzberg Willoughby 1596.
La baie d’Hudson Hudson 1610.
La baie de Baffin Baffin 1616.

Pendant ces dernières années, Hearne, Mackensie, John Ross, Parry, Franklin, Richardson, Beechey, James Ross, Back, Dease, Simpson, Rae, Inglefield, Belcher, Austin, Kellet, Moore, Mac Clure, Kennedy, Mac Clintock, fouillèrent sans interruption ces terres inconnues.

On avait bien délimité les côtes septentrionales de l’Amérique, à peu près découvert le passage du nord-ouest, mais ce n’était pas assez ; il y avait mieux à faire, et ce mieux, John Hatteras l’avait deux fois tenté en armant deux navires à ses frais ; il voulait arriver au pôle même, et couronner ainsi la série des découvertes anglaises par une tentative du plus grand éclat.

Parvenir au pôle, c’était le but de sa vie.

Après d’assez beaux voyages dans les mers du sud, Hatteras essaya pour la première fois, en 1846, de s’élever au nord par la mer de Baffin ; mais il ne put dépasser le soixante-quatorzième degré de latitude ; il montait le sloop Halifax ; son équipage eut à souffrir des tourments atroces, et John Hatteras poussa si loin son aventureuse témérité, que désormais les marins furent peu tentés de recommencer de semblables expéditions sous un pareil chef.

Cependant, en 1850, Hatteras parvint à enrôler sur la goëlette le Farewell une vingtaine d’hommes déterminés, mais déterminés surtout par le haut prix offert à leur audace. Ce fut dans cette occasion que le docteur Clawbonny entra en correspondance avec John Hatteras, qu’il ne connaissait pas, et demanda à faire partie de l’expédition ; mais la place de médecin était prise, et ce fut heureux pour le docteur.

Le Farewell, en suivant la route prise par le Neptune d’Aberdeen en 1817, s’éleva au nord du Spitzberg jusqu’au soixante-seizième degré de latitude. Là, il fallut hiverner ; mais les souffrances furent telles et le froid si intense, que