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XXXII

Le 13 août, on se réveilla de bon matin. Il s’agissait d’inaugurer un nouveau genre de locomotion rapide et peu fatigant.

Un mât fait de deux bâtons jumelés, une vergue formée d’un troisième, une voile empruntée à nos couvertures, composaient le gréement du radeau. Les cordes ne manquaient pas. Le tout était solide.

À six heures, le professeur donna le signal d’embarquer. Les vivres, les bagages, les instruments, les armes et une notable quantité d’eau douce se trouvaient en place.

Hans avait installé un gouvernail qui lui permettait de diriger son appareil flottant. Il se mit à la barre. Je détachai l’amarre qui nous retenait au rivage. La voile fut orientée, et nous débordâmes rapidement.

Au moment de quitter le petit port, mon oncle, qui tenait à sa nomenclature géographique, voulut lui donner un nom, le mien, entre autres.

« Ma foi, dis-je, j’en ai un autre à vous proposer.

— Lequel ?

— Le nom de Graüben. Port-Graüben, cela fera très bien sur la carte.

— Va pour Port-Graüben. »

Et voilà comment le souvenir de ma chère Virlandaise se rattacha à notre aventureuse expédition.

La brise soufflait du nord-est. Nous filions vent arrière avec une extrême rapidité. Les couches très-denses de l’atmosphère avaient une poussée considérable et agissaient sur la voile comme un puissant ventilateur.

Au bout d’une heure, mon oncle avait pu estimer assez exactement notre vitesse.

« Si nous continuons à marcher ainsi, dit-il, nous ferons au moins trente lieues par vingt-quatre heures, et nous ne tarderons pas à reconnaître les rivages opposés.