Les travaux continuaient donc avec ensemble et méthode, et le réseau s’augmentait peu à peu.
Le 16 février, la caravane put croire un instant que cette eau dont la nature se montrait si avare, allait enfin lui être abondamment restituée.
Un lagon, d’une largeur d’un à deux milles, venait d’être signalé à l’horizon.
On comprend si cette nouvelle fut bien accueillie. Toute la caravane se porta rapidement dans la direction indiquée, vers une assez vaste étendue d’eau, qui miroitait sous les rayons solaires.
Le lagon fut atteint vers cinq heures du soir. Quelques chevaux, brisant leurs traits, échappant à la main de leurs conducteurs, s’élancèrent au galop vers cette eau tant désirée. Ils la sentaient, ils l’aspiraient, et bientôt on put les voir s’y plonger jusqu’au poitrail.
Mais, presque aussitôt, ces animaux revinrent sur la rive. Ils n’avaient pu se désaltérer à ces nappes liquides, et quand les Bochjesmen arrivèrent, ils se trouvèrent en présence d’une eau tellement imprégnée de sel, qu’ils ne purent s’y rafraîchir.
Le désappointement, on peut dire le désespoir, fut grand. Rien de cruel comme un espoir déçu ! Mokoum crut qu’il lui faudrait renoncer à entraîner les indigènes au delà du lac salé. Heureusement pour l’avenir de l’expédition, la caravane se trouvait plus près du Ngami et des affluents du Zambèse que de tout autre point de cette région où l’on pût se procurer de l’eau potable. Le salut de tous dépendait donc de la marche en avant. En quatre jours, si les travaux géodésiques ne la retardaient pas, l’expédition serait rendue sur les rives du Ngami.
On repartit. Le colonel Everest, profitant de la disposition du terrain, put construire des triangles de grandes proportions qui nécessitèrent moins fréquemment l’établissement des mires. Comme on opérait surtout pendant des nuits très pures, les signaux de feu se voyaient admirablement, et pouvaient être relevés avec une précision extrême, soit au théodolite, soit au cercle répétiteur avec une exactitude parfaite. C’était à la fois économie de temps et de fatigues. Mais, il faut l’avouer, pour ces courageux savants enflammés d’un zèle scientifique, pour ces indigènes dévorés d’une soif ardente sous ce climat terrible, comme pour les animaux employés au service de la caravane, il était temps d’arriver au Ngami. Nul n’aurait pu supporter encore quinze jours de marche dans des conditions pareilles.
Le 21 février, le sol plat et uni commença à se modifier sensiblement. Il devint raboteux, accidenté. Vers dix heures du matin, une petite monta-