et que séparaient une distance de plusieurs milles, se prêtaient à l’établissement des pylônes et des réverbères. Cette contrée, vaste dépression de terrain sensiblement abaissée au-dessous du nivellement général, était, par cela même, humide et fertile. William Emery y reconnut par milliers le figuier de la Hottentotie, dont les fruits aigrelets sont très goûtés des Bochjesmen. Les plaines, largement étendues entre les taillis, répandaient un suave parfum dû à la présence d’une infinité de racines bulbeuses, assez semblables aux plantes du colchique. Un fruit jaune, long de deux à trois pouces, surmontait ces racines et parfumait l’air de ses odorantes émanations. C’était le « kucumakranti » de l’Afrique australe, dont les petits indigènes se montrent particulièrement friands. En cette région, où les eaux environnantes affluaient par des pentes insensibles, reparurent aussi les champs de coloquintes, et d’interminables bordures de ces menthes dont la transplantation a si parfaitement réussi en Angleterre.
Quoique fertile et propice à de grands développements agricoles, cette région extratropicale paraissait peu fréquentée des tribus nomades. On n’y voyait aucune trace d’indigènes. Pas un kraal, pas même un feu de campement. Cependant, les eaux n’y manquaient pas, et formaient en maint endroit des ruisseaux, des mares, quelques lagons assez importants et deux ou trois rivières à cours rapide qui devaient affluer aux divers tributaires de l’Orange.
Ce jour-là, les savants organisèrent une halte avec l’intention d’attendre la caravane. Les délais fixés par le chasseur allaient expirer, et s’il ne s’était pas trompé dans ses calculs, il devait arriver ce jour même, après avoir franchi le passage guéable sur les bas cours du Nosoub.
Cependant, la journée s’écoula. Aucun Bochjesman ne parut. L’expédition avait-elle rencontré quelque obstacle qui l’empêchait de rejoindre ? Sir John Murray pensa que le Nosoub n’étant pas guéable à cette époque où les réserves d’eau sont encore abondantes, le chasseur avait dû aller chercher plus au sud un gué praticable. Cette raison était plausible, en effet. Les pluies avaient été très abondantes pendant la dernière saison et devaient provoquer des crues inaccoutumées.
Les astronomes attendaient. Mais quand la journée du 22 juin se fut également achevée sans qu’aucun des hommes de Mokoum n’eût paru, le colonel Everest se montra fort inquiet. Il ne pouvait continuer sa marche au nord, quand le matériel de l’expédition lui manquait. Or, ce retard, s’il se prolongeait, pouvait compromettre le succès des opérations.
Mathieu Strux, à cette occasion, fit observer que son opinion avait été d’accompagner la caravane, après avoir relié géodésiquement la dernière