Page:Verne - Une ville flottante, 1872.djvu/117

Cette page a été validée par deux contributeurs.

larges rues sillonnées de rails, mais auxquelles les maisons manquaient encore, des cités parées des plus poétiques noms de l’histoire ancienne : Rome, Syracuse, Palmyre ! Et ce fut ainsi que défila devant nos yeux toute cette vallée de la Mohawk, ce pays de Fenimore qui appartient au romancier américain, comme le pays de Rob-Roy à Walter Scott. À l’horizon étincela un instant le lac Ontario, où Cooper a placé les scènes de son chef-d’œuvre. Tout ce théâtre de la grande épopée de Bas-de-Cuir, contrée sauvage autrefois, est maintenant une campagne civilisée. Le docteur ne se sentait pas de joie. Il persistait à m’appeler Œil-de-Faucon, et ne voulait plus répondre qu’au nom de Chingakook !

La cataracte tombait.

À onze heures du soir, nous changions de train à Rochester, et nous passions les rapides de la Tennessee qui fuyaient en cascades sous nos wagons. À deux heures du matin, après avoir côtoyé le Niagara, sans le