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Frontignac.

Volontiers, mais je t’en prie, ne parle pas trop de mon décès, cela m’est désagréable.

Carbonnel.

Que reçois-tu de Marcandier ! Dix pour cent de la somme qu’il a prise en viager, trente mille francs. Eh bien, distrais deux pour cent, six mille francs, de ce revenu, et consacre les au payement d’une prime annuelle à ma compagnie qui, le jour où tu fermeras les yeux, tu vois que je te ménage, comptera deux cent mille franc ; à ton neveu Savinien.

Frontignac.

Tiens !… tiens ! C’est fort ingénieux ! Mais es-tu bien sûr que ça ne me portera pas malheur ?

Carbonnel.

Au contraire ! La compagnie ne payant qu’à la mort de l’assuré, a tout intérêt à prolonger sa vie, elle veille sur lui, elle le protège comme une tendre mère ; tous les centenaires dont on publie les noms dans les journaux sont nos clients. Je gagerais que de son temps feu Mathusalem… sa longévité inusitée ne pourrait guère s’expliquer autrement.

Frontignac.

Voyons, pas de bêtises, tu es bien sur de ça ? toi.

Carbonnel.

Ne suis-je pas directeur de la Lutécienne ?

Frontignac.

C’est juste !

Carbonnel.

Eh bien, voyons ! la condition te convient-elle ?