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Madeleine.

Eh bien, mon oncle est ici, il faut lui parler.

Savinien.

Aïe ! aïe ! aïe ! C’est que je n’ai pas de fortune, de position à lui offrir.

Madeleine.

Je n’en ai pas besoin.

Savinien.

Qu’elle est gentille ! Mais votre oncle en aura besoin, lui… Si vous saviez comme c’est dur, un oncle !

Madeleine.

Comment le savez-vous vous-même, puisque vous n’avez pas de famille ?

Savinien.

Tiens ! vous m’y faites penser,… mais si ! moi aussi, j’ai un oncle, je dois posséder un oncle, s’il n’est pas mort, mais où ? Un oncle que je n’ai jamais vu et qui ne se doute même pas de mon existence, car il ignore jusqu’au mariage de son frère.

Madeleine.

Je ne pourrai guère vous aider à le retrouver, je suis aussi étrangère que vous à Paris. Pauvre monsieur Savinien !

Savinien.

Pauvre ! allons donc ! j’ai bon courage, et je suis aimé de la plus ravissante jeune fille… Pauvre !… Ma chère Madeleine… (On entend le prélude d’une valse, il la prend par la taille.) Quand je vous tiens sur mon cœur, quand… ma foi tant pis ! (Il l’embrasse.)

Madeleine.

Ah ! (Au moment où Savinien embrasse Madeleine en l’entraînant, Frontignac paraît à droite.)