Page:Verne - Un neveu d’Amérique, ou Les deux Frontignac, 1873.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.

demi voix à Marcandier.), de ces trésors si peu voilés que plus d’un mari est obligé d’aller dans le monde pour apprécier sa femme comme elle le mérite. N’est-ce pas monsieur Marcandier ?

Marcandier.

Hein ! Quoi ?

Carbonnel.

Mais alors, mon cher, puisque la femme est pour toi un si merveilleux médecin, que ne te maries-tu ?

Antonia.

En effet.

Marcandier, à part.

Le marier ! Il ne manquerait plus que cela !

Frontignac.

J’ai des goûts modestes, madame, l’usufruit me suffit.

Roquamor.

Hein !

Carbonnel.

Cependant, pour te créer une famille, des héritiers…

Frontignac.

Des héritages, toujours ! des héritiers, jamais ! Si j’avais eu une famille, je l’aurais acceptée, faute de pouvoir faire autrement mais je n’en ai pas, le ciel en soit béni. Le seul parent que j’aie connu, mon frère, est mort en Amérique, il y a quelque chose comme vingt ans. Une famille, des enfants ! La rougeole et la coqueluche en garnison chez moi, plus tard les pensums et le collège, jusqu’à ce que les moutards s’avisent à leur tour de vouloir me faire passer grand-papa ! Que vous ai-je fait ?

Carbonnel.

Le panégyrique de l’égoïsme ou je ne m’y connais pas.