Page:Verne - Un drame en Livonie, illust Benett, 1905.djvu/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
83
slaves et germains.

Trankel baissa les yeux sans répondre. Non ! il n’en était pas à son premier manquement à cette exactitude si chère aux Johausen.

Et, alors, le banquier, tirant de sa poche un carnet à feuilles volantes, écrivit quelques lignes au crayon sur l’une des pages, et il la remit à Trankel, en lui disant :

« Porte ceci à son adresse, et tu attendras la réponse. »

Trankel savait sans doute à quelle adresse il fallait aller et quelle serait la réponse du destinataire.

Il ne prononça pas un mot, il s’inclina, baisa la main de son maître et se dirigea vers la porte pour prendre le chemin du bureau de police.

La page du carnet ne contenait que ces mots :


« Bon pour vingt-cinq coups de verge à mon domestique Trankel.

« Frank Johausen. »


Au moment où le domestique sortait :

« Tu n’oublieras pas de rapporter le régat », dit le banquier.

Trankel n’aurait garde de l’oublier. Ce régat, en effet, permettait au banquier de payer à qui de droit le prix du châtiment, conformément au tarif adopté par le colonel de police.

C’est ainsi que les choses se passaient à cette époque et se passent peut-être encore en Courlande, en Esthonie, en Livonie, et, sans doute, en mainte autre province de l’empire moscovite.

Quelques détails sur la famille Johausen.

On sait quelle est l’importance du fonctionnaire en Russie. Il est soumis à cet impérieux règlement du Tchin, — cette échelle de quatorze échelons que doivent franchir les employés de l’État depuis le rang le plus infime jusqu’au rang de conseiller privé.