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un drame en livonie.

« Et vous n’avez entendu aucun bruit pendant la nuit ?… lui demandait le magistrat.

— Aucun, monsieur le juge.

— Cependant, cette première fenêtre qu’il a fallu ouvrir, cette seconde fenêtre qu’il a fallu forcer…

— Ma chambre est sur la cour, répondait Kroff, et les fenêtres des deux autres donnent sur la grande route… Je dormais profondément… D’ailleurs, cette nuit-là, il faisait un temps épouvantable, et la bourrasque n’eût permis d’entendre aucun bruit. »

Le juge, en écoutant les dépositions de Kroff, le regardait attentivement, et, bien qu’au fond il fût prévenu contre lui, il ne pouvait rien surprendre qui mît en doute la véracité du cabaretier.

L’interrogatoire achevé, Kroff reprenait librement le chemin de la Croix-Rompue. S’il était coupable, ne valait-il pas mieux lui laisser sa liberté tout en le surveillant ?… Peut-être se compromettrait-il d’une façon ou d’une autre ?…

Quatre jours s’étaient écoulés depuis que Wladimir Yanof avait été enfermé dans la forteresse de Riga.

Conformément aux ordres du gouverneur, une chambre avait été affectée au prisonnier. On le traitait avec les égards que méritaient sa situation et sa conduite. Le général Gorko ne doutait pas que ces ménagements ne fussent approuvés en haut lieu, quelque dénouement que dût avoir cette affaire pour Wladimir Yanof.

Dimitri Nicolef, dont la santé se ressentait de ces terribles épreuves, retenu à la chambre, ne put le voir comme il l’eût désiré. D’ailleurs, l’accès de la prison était permis à la famille de Nicolef et aux amis de Wladimir Yanof. Chaque jour Jean et Ilka se présentaient à la forteresse et on les conduisait près du prisonnier. Et là, que de longs et intimes entretiens d’où l’espoir n’était pas banni ! Oui ! la sœur et le frère croyaient, voulaient