Page:Verne - Un drame en Livonie, illust Benett, 1905.djvu/193

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
179
en face de la foule.

Frank Johausen était là tout entier, impitoyable, haineux, vindicatif.

Cependant, en cette affaire à laquelle se mêlait la politique, le général Gorko ne voulait pas se départir d’une extrême prudence. Bien que l’opinion publique la réclamât, il ne croyait pas devoir autoriser l’arrestation du professeur : mais il ne s’opposa point à ce qu’une perquisition fût faite à son domicile.

Le juge Kerstorf, le major Verder, le brigadier Eck, procédèrent le 18 avril à cette perquisition.

Dimitri Nicolef laissa dédaigneusement opérer les agents, ne protestant pas, répondant avec une méprisante froideur aux questions qui lui étaient posées. On fouilla son bureau et ses armoires, on prit connaissance de ses papiers, de sa correspondance, du registre de ses dépenses. Et l’ont put s’assurer que M. Johausen n’exagérait pas en disant que le professeur ne possédait rien. Il ne vivait que du produit de ses leçons, et, à la suite de tels événements, ce produit n’allait-il pas lui manquer ?…

La perquisition ne donna aucun résultat, en ce qui concernait le vol commis au préjudice de MM. Johausen frères. Et comment en eût-il été autrement, puisque, dans l’opinion du banquier, Nicolef avait eu le temps de mettre cet argent en sûreté, c’est-à-dire à l’endroit où il s’était rendu le lendemain du crime, et qu’il se gardait bien d’indiquer.

Quant à ces billets dont le banquier possédait les numéros, M. Kerstorf en convenait avec lui, ils ne seraient vraisemblablement utilisés que lorsque le voleur, quel qu’il fût, disait le juge, pourrait le faire sans danger. Un certain délai s’écoulerait donc, vraisemblablement, avant qu’ils eussent été remis en circulation.

Entre-temps, les amis de Dimitri Nicolef n’étaient pas sans connaître l’état des esprits non seulement à Riga, mais dans les provinces, très impressionnées par cette affaire.