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un drame en livonie.

— Je n’ai point à les faire connaître.

— Vous refusez de parler ?…

— Je refuse.

— Direz-vous au moins où vous alliez en quittant Riga ?

— Je n’ai point à le dire.

— Vous aviez réglé votre place jusqu’à Revel ?… Était-ce à Revel que vous aviez affaire ?… »

Pas de réponse.

« Il semble que c’était plutôt à Pernau, reprit le juge, puisque vous n’avez pas cru devoir attendre le retour de la malle au kabak de la Croix-Rompue. J’insiste : était-ce à Pernau ?… »

Dimitri Nicolef persista à se taire.

« Continuons, dit le juge. Vers quatre heures du matin, d’après la déposition de l’aubergiste, vous vous êtes levé… Il s’est levé au même moment… Lorsque vous êtes sorti de la chambre, enveloppé de votre houppelande, votre capuchon rabattu comme la veille, de telle façon qu’on ne pouvait rien voir de votre visage, Kroff vous a demandé si vous vouliez prendre une tasse de thé ou un verre de schnaps… Vous avez refusé et payé le prix de la nuit… Puis Kroff, après avoir retiré les barres de la porte, fit jouer la serrure avec la clef qu’il tenait… Et alors, sans prononcer une parole, d’un pas précipité, vous vous êtes élancé sur la route au milieu d’une profonde obscurité dans la direction de Pernau… Dans tout ce que j’ai dit là, y a-t-il un détail inexact ?…

— Pas un seul, monsieur.

— Une dernière fois, voulez-vous faire connaître le motif de votre voyage, et où vous alliez en quittant Riga ?…

— Monsieur Kerstorf, déclara alors Dimitri Nicolef très froidement, je ne sais à quoi tendent toutes ces questions, ni même pourquoi j’ai été demandé dans votre cabinet… Cependant j’ai répondu à toutes celles auxquelles j’ai cru devoir répondre…