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un drame en livonie.

— Et, hier, Mlle  Nicolef n’avait encore reçu aucune nouvelle…

— Allons voir Ilka, proposa le docteur. Peut-être le facteur lui a-t-il remis ce matin une lettre de son père, ou peut-être Nicolef est-il de retour chez lui ?… »

M. Delaporte et le docteur Hamine se dirigèrent vers le faubourg à l’extrémité duquel s’élevait la maison du professeur.

Lorsqu’ils furent à la porte, ils demandèrent si Mlle  Nicolef pouvait les recevoir.

Sur la réponse affirmative de la servante, ils furent aussitôt introduits dans la salle où se tenait Ilka.

« Ma chère Ilka, ton père est-il revenu ?… demanda tout d’abord le docteur.

— Il n’est pas revenu… » répondit la jeune fille.

Et, à sa figure pâle et soucieuse, on voyait combien elle devait être inquiète.

« Mais, mademoiselle, avez-vous eu de ses nouvelles ? » reprit le consul.

Un signe négatif d’Ilka fut sa seule réponse.

« Cette absence est inexplicable, reprit le docteur, non moins que la cause du voyage de Dimitri…

— Pourvu qu’il ne soit pas arrivé malheur à mon père !… murmura la jeune fille d’une voix troublée. Les crimes sont fréquents en Livonie depuis quelque temps… »

Le docteur Hamine voulut la rassurer, étant, en somme, plus surpris qu’inquiet de cette absence.

« Il ne faut rien exagérer, dit-il, et l’on peut encore voyager avec quelque sécurité !… Il est vrai, un meurtre a été commis du côté de Pernau… et, si on ne connaît pas l’assassin, on connaît la victime… un malheureux garçon de banque…

— Vous le voyez, mon bon docteur, fit observer Ilka, les routes ne sont pas très sûres, et voilà bientôt quatre jours que mon